Edito par Anthony PIQUET :Résister à la peur !
On pouvait, il ya encore quelques semaines soupçonner le gouvernement de crier au terrorisme et aux risques d'attentats pour tenter de faire passer au second plan le problème des retraites ou le chômage. L'opposition (c'est de bonne guerre) ne s'en est d'ailleurs pas privée. Mais aujourd'hui, les accusations de manipulation politicienne ne sont plus de mise.
La menace terroriste est donc bien réelle. En témoignent les récentes prises d'otages français, en témoignent aussi les avertissements journellement lancés par les gouvernements américains ou britanniques, avertissements d'ailleurs lourds de menaces pour notre économie touristique. Chaque jour nous revient le même et lancinant refrain sur les risques d'attentats, tout particulièrement en France et en Allemagne.
Ces avertissements sont bien sûr necessaires. C'est notre devoir à tous d'être vigilants et il suffit parfois de bien peu de choses pour prévenir une catastrophe : relever un comportement bizarre, signaler un colis suspect peuvent indubitablement sauver des vies. Pour autant, cela n'est pas sans dangers. Dramatiser les menaces peut conduire à des comportements individuels aux limites de la paranoîa, plus gênants qu'utile pour les forces de l'ordre.
Et puis il ya la peur : peur de fréquenter les transports en commun (gares, aéroports, métro...) ou certains sites publics considérés comme les plus exposés aux risques. Cette peur est d'autant plus dangereuse qu'elle est inspirée par une menace imprécise et diffuse, une véritable menace fantôme. Elle est grosse des pires dérives, à commencer par le racisme, mais aussi par un climat de méfiance généralisé dans lequel chacun suspecte tout le monde et qui ouvre la voie à la ronde infernale du ressentissment. Il est d'ailleurs infiniment probable que les terroristes d'Al-Qaida n'aient intégré cette dimension dans leur stratégie de déstabilisation. Réussir à effrayer les opinions publiques occidentales, à conditionner leurs réflexes est déjà pour eux une première victoire.
La peur n'est jamais bonne conseillère.
L'histoire n'a jamais cessé de le montrer.
Céder à la panique, voire à l'affolement, serait faire la part belle à un terrorisme qui n'est finalement fort que notre faiblesse et de notre incapacité à savoir raison garder.
Anthony PIQUET
Collaborateur du groupe UDH-Alliance Centriste